
Pour un rassemblement utile à une transition post-capitaliste
4 juin 2020Texte collectif publié par l’Humanite.fr
La crise sanitaire que nous traversons est un évènement historique majeur et doit amener la gauche à redéfinir ses objectifs et son ambition. Alors que les luttes butaient jusqu’à présent sur un pouvoir droit dans ses bottes, celui-ci est déstabilisé et contesté jusque dans ses rangs. Les municipales lui ont porté un coup supplémentaire. La droite et l’extrême droite sont à l’affût. Mais après les « Gilets jaunes », puis les luttes sociales massives de l’an dernier – contre la réforme des retraites, évidemment, mais aussi celles des soignant·e·s pour le système de santé, des enseignant.es pour l’école, des jeunes pour le climat, pour la dignité dans les quartiers populaires et bien d’autres – la crise sanitaire contribue puissamment à révéler les méfaits du capitalisme. Elle est venue saper certains fondements idéologiques majeurs de cette société fondée sur la loi du marché et le productivisme. Les consciences avaient déjà énormément évolué en deux ans, elles ont fait un bond considérable ces deux derniers mois. Des idées naguère taxées de ringardes sont plébiscitées : service public, augmentation des salaires, réduction des inégalités, sécurité sociale, etc. L’exigence écologique est considérable et s’oppose à l’obsession du profit. Le capitalisme lui-même n’a jamais été aussi mal vu.
Une fenêtre historique s’ouvre. Jamais les conditions n’ont été aussi favorables pour déployer notre combat pour de profondes ruptures avec ce système dangereux. C’est aujourd’hui qu’il faut mettre toutes les forces possibles dans une bataille politique de grande ampleur pour rompre avec le capitalisme. Nous devons être au rendez-vous.
Dans ce contexte très nouveau, la conscience grandit de la nécessité vitale du rassemblement des forces de transformation sociale, mais aussi d’un radical renouvellement de leurs projets et de leurs pratiques. De nombreuses initiatives sont prises dans ce sens. L’appel « Plus jamais ça » lancé par 18 organisations syndicales et associatives (CGT, FSU, Solidaires, Attac, Greenpeace, Youth for climate, Oxfam, etc.) « à toutes les forces progressistes et humanistes […] pour reconstruire ensemble un futur, écologique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre néolibéral », et le dialogue qui s’engage entre ces organisations et les forces politiques de gauche et écologiques, sont d’une importance considérable. De son côté, François Ruffin propose une alliance de toute la gauche avec les écologistes, « un front populaire écologiste ». Même chose pour l’appel à un « Big Bang » de la gauche sociale et écologiste lancé l’an dernier à l’initiative des députées respectivement insoumise et communiste Clémentine Autain et Elsa Faucillon. Et il y en a d’autres.
Pourtant nous sommes très inquiets de la situation à gauche, et dans notre parti. Le séisme de 2017 avait fait exploser le vieux paysage politique, et le score global des forces de gauche dépassait à peine 25%. Mais il avait placé le candidat de la FI, soutenu par le PCF, à un niveau qu’aucune candidature d’une gauche « de gauche » n’avait atteint depuis des décennies. Faute d’avoir ensuite voulu et su prolonger cette dynamique, la situation d’aujourd’hui est extrêmement préoccupante. Ce que confirment, là où ont prévalu les mécaniques de division, de mauvais résultats au premier tour des élections municipales.
Après des législatives décevantes, les élections européennes ont montré que la gauche – y compris les écologistes, malgré leur moins mauvais résultat – ne parvient pas à répondre aux très fortes exigences qui bouillonnent dans la société. Faute d’en mesurer la nature et la portée à leur niveau réel, elle demeure globalement très en deçà des attentes. Et elle est profondément divisée. Tout semble indiquer que ses écuries électorales se remettent en place comme avant, et qu’on se dirige vers un festival de candidatures pour la présidentielle de 2022 – toutes masculines, de surcroît – garantissant un suicide collectif annoncé.
La position de notre Parti était de son côté déjà très difficile à saisir. Maintenant, il envoie de surcroît des messages contradictoires. D’un côté, son secrétaire national continue de dire qu’il y aura quoiqu’il arrive une candidature communiste à la prochaine élection présidentielle. Et de l’autre, certains de ses dirigeants parmi les plus importants – dont ses deux porte-parole officiels – signent avec Yannick Jadot, Olivier Faure et d’autres responsables du PS (dont deux anciens ministres), et même Corinne Lepage, un appel à s’inscrire dans une démarche explicitement destinée à construire une plateforme et une candidature commune pour 2022. Comment être audible dans ces conditions ?
Certes, toute initiative visant à combattre les divisions à gauche est utile : qui pourrait en effet imaginer que Macron, la droite et l’extrême droite pourraient être battus si la gauche ne réussit pas à se rassembler ? On peut aussi se féliciter de ce que cet appel révèle déjà certains bougés – par exemple sur la nécessaire sortie du productivisme et du néolibéralisme – par rapport aux politiques menées dans le passé par des gouvernements auxquels participaient le PS et EELV. Mais le compte n’y est pas, et de loin. Face à la colère et la déception, et vu l’ampleur des enjeux économiques, sociaux, environnementaux et démocratiques que la crise sanitaire révèle et aggrave considérablement, il n’y a aucune chance de faire renaître l’espoir au sein des classes populaires – condition de la victoire – sans dire clairement quelles sont les ruptures que nous voulons opérer dans tous ces domaines pour engager une véritable transition post-capitaliste.
Plutôt que de rester dans une position ambiguë, ou de cautionner a priori une démarche de rassemblement de la gauche qui ne dit pas sur quelles bases politiques elle se fonde, il faut travailler à un rassemblement d’un nouveau genre avec toutes les forces progressistes qui le souhaitent – politiques, syndicales, associatives antiracistes et citoyennes – pour coconstruire un projet politique répondant aux exigences de la situation et aux aspirations populaires. Il est grand temps que notre Parti s’engage dans cette direction avec détermination pour travailler à rassembler le plus largement possible sur des contenus transformateurs. C’est comme cela qu’il se rendra à nouveau écouté, entendu et utile.
Signataires : Hadrien Bortot, Silvia Capanema, Bernard Cois, Grégory Géminel, Vanessa Ghiati, Fabienne Haloui, Robert Injey, Sonia Masson, Anna Meyroune, Frank Mouly, Jean-Michel Ruiz, Saïda Safir, François Salamone, membres du Conseil national et secrétaires départementaux du PCF.
Encore un texte, un de plus. En ce qui me concerne, je pense que la question-clé est laissée une fois de plus de côté : comment aider le mouvement populaire à se développer. Le verbe prend le pas sur l’action. C’est tellement plus facile en ces temps de post-confinement. Et puis localement, quand nous nous battons avec une très belle énergie et que malgré tout la droite, En Marche, arrivent devant nous, nous devrions penser que c’est la faute des responsables nationaux, voire des exécutifs nationaux. Le printemps du communisme ce serait que «les masses» se mettent en mouvement à propos de questions capitales comme la santé, l’éducation, les services publics, la finance. Seule l’obtention de conquêtes dans ces domaines ouvrira la perspective «de jours heureux». Un texte, le meilleur soit-il, reste un catéchisme.
J’adhère totalement à cette initiative impérieuse. Un contenu de rassemblement solidaire, humain, respectueux du vivant est une obligation politique. Adhérente au PCF, je porterai cette action au sein de nos instances, le parti doit avoir un discours clair, non hégémonique !
» Dans ce contexte très nouveau, la conscience grandit de la nécessité vitale du rassemblement des forces de transformation sociale, mais aussi d’un radical renouvellement de leurs projets et de leurs pratiques. »
C’est le passage du texte qui me parle le plus. Reste à aller au bout, mes camarades.
Il ne s’agit pas seulement de favoriser l’union populaire par l’accord indispensable à cet effet entre les forces authentiquement de gauche, c’est-à-dire ayant en partage le choix de la nécessité de rompre avec le système capitaliste, cela pour le « projet ».
Il s’agit également de choisir de la favoriser en lui faisant confiance, conformément au fait que, ce sont toujours « les masses qui font l’histoire » et au fait que nous devons toujours avoir le respect le plus déterminé pour cette donnée qui est une nécessité, les communistes sachant mieux que quiconque où peut conduire la recherche de raccourcis en la matière, cela pour les « pratiques ».
Pour ce faire, reste, particulièrement pour vous autres qui répétez la signature de tels textes, à faire preuve de l’audace créative nécessaire. Pour moi, elle se trouve dans la décision que le Pcf devrait prendre de donner aux citoyen-ne-s réuni-e-s par cet objectif socle de rupture, la maîtrise du choix de leur-s candidat-e-s aux élections. Ce serait une primaire en écho à la « primauté du mouvement populaire ».
En dessous de cela, des organisations au dessus de ces citoyen-ne-s apparaîtraient désireuses de conserver cette prérogative et le « renouvellement des pratiques » restera insuffisant pour répondre à l’exigence de maîtrise des choses par un nombre croissant de citoyen-ne-s qui s’affirme dans la crise de la politique dont elle constitue un élément, non ?
C’est un texte a charge contre le PCF, vous n’apportez absolument rien de nouveau, c’est un constat, un de plus. Ayez le courage de dire réellement ce que vous pensez.
Ce n’est pas un texte à charge contre le PCF, mais une réflexion nécessaire pour l ‘avenir, sauf à considérer que travailler avec l ‘ensemble des forces de nature et structures différentes, serait handicap pour le PCF.
Adhérent du PCF depuis 1977, il me semble indispensable de franchir cet obstacle culturel et politique : dépasser une culture partidaire devenue inopérante en se berçant avec la petite musique identitaire.
Par le refus de sortir, à temps des alliances avec la sociale démocratie et du cadre hégémonique du PS, nous avons donné la priorité à la lutte des places, alors que notre culture révolutionnaire aurait permis de sortir de cette impasse. Le retard pris pèse lourdement dans la construction d’une perspective. Ne reprochons pas aux autres nos propres erreurs.
La recherche de boucs émissaires a toujours conduit au chaos politique.
Je souhaite profondément que nous puissions faire cette expérience constructive qui donnera, par une bifurcation, concrête, la possibilité de construire une perspective et qui contribuera à faire tomber bien des obstacles , à gauche, dont celui de la crédibilité des forces politiques et la nôtre en particulier.
L’ action du PCF sera légitime dans cette construction, car notre capacité analytique et dialectique, ne constituent un obstacle, mais des leviers, pour un développement sur d’autres bases.
Notre incapacité à sortir du double langage, et à comprendre les raisons de l »apparition de la France insoumise par exemple, est un marqueur de notre affaiblissement politique.
Nous construirons en sortant de la vraisemblance notamment celle que l ‘on a gagné lorsque l ‘on a perdu.
« Vous avez dit contradiction ? » Oui, il y a contradiction entre dynamique populaire et …Et quoi ? La liste est peut-être plus longue qu’il ne faut pour garder espoir !
Logique partidaire ? je coche la case
Absence d’une cohérence révolutionnaire ? je coche…encore
Ego naturel de qui se croit titulaire du « leadership », jusqu’à clamer comme on l’a entendu « Le leadership ? vous l’avez, c’est MOI! » du coup j’ai encore coché, et même je suis devenu un INSOUMIS AUX PARTIS , INSOUMIS AU CHEF QUI DEVIENT « CREDIBLE » et qui du coup SE LACHE…INSOUMIS à ma pulsion de déchirer ma carte…
Ce qui est grandement nécessaire, c’est de réfléchir sans tabou : si mon pire ennemi, le diable fascisant, vient à dire une vérité criante, je ne l’abandonne pas cette vérité, je me l’approprie…Or il ressort que nous avons joué le jeu mortel du pouvoir personnel et il s’agit de la Constitution : le préalable à toute dynamique révolutionnaire émancipatrice , c’est donc bien de se mobiliser pour changer la Constitution, et pour cela déjà déjà commencer à tisser des alliances et des luttes communes, car même les luttes sociales sont avec un fil à la patte : l’acceptation de la logique « pouvoir personnel »…Alors, inventons un autre danse que tourner en rond au pied d’un « dieu » ! si nous libérons les mentalités ainsi, l’autogestion, la coopérative et les droits d’intervention citoyenne feront la cohérence qui est interdite: « PLUS JAMAIS DE TRUMP A LA FRANçAISE ni à quoi que ce soit…
D’accord globalement avec ce texte particulièrement sur:,
1)le rappel du candidat F1 à la présidentielle de 2017 avec le soutien du PCF et la non prolongation de cette dynamique due, selon moi, au fait du PCF.
2)la position actuelle de notre parti et des différents dirigeants qui montre une ligne politique incohérente.
Alors, il convient de dire que tant que le PS restera notre boussole, à la fois sur le plan programmatique et stratégique , notre démarche restera négative.
Il est temps de dire stop à ceux qui rêvent de refaire le congrès de Tours à l’envers; osons nous affranchir du PS, redevenir le parti qui s’est séparé de la sociale-démocratie en 1920 pour rompre avec la collaboration de classe et offrir une alternative au capitalisme.
Je veux parler de confiance. On ne peut pas rassembler si on n’inspire pas confiance. Et pour cela il faut donner des gages. Des preuves. Pour paraphraser l’adage sur l’amour, je dirai qu’il n’y a pas de gauche, il n’y a que des preuves de gauche. Si tout montre, en ces temps de port du masque, que le capitalisme se démasque, et que les yeux se dessillent à gauche, même chez ceux qui ne voulaient pas voir, c’est tant mieux. Mieux vaut tard que jamais. Mais comment croire à cette gauche dont beaucoup pensent non sans raison qu’elle a déçu, voire trahi à de multiples reprises ? Certes il faut l’initiative et le contrôle populaire : multiplier les rassemblements de terrain, les réseaux horizontaux, les combats sociétaux, les solidarités dans les luttes, les coopérations locales etc. Tout cela est juste. Les petits ruisseaux font les grandes rivières, la démocratie directe est la clé de tout le reste : nous sommes tous d’accord là-dessus. Mais à un moment donné, il va bien falloir mettre un bulletin dans l’urne. Sachant qu’aucune formation politique à gauche ne peut espérer l’emporter seule, et que le rassemblement est la seule solution, la question est donc : quelle garantie puis-je avoir que ce rassemblement de gauche ne reniera pas ses engagements pour la énième fois s’il gagne les élections ? Ou que ces gens-là une fois élus ne se diviseront pas et resteront unis dans le combat ? Or, dans l’inconscient collectif de notre peuple, dans sa mémoire sociale, il y a un marqueur, un label de qualité si l’on peut dire, une garantie ou un contrat d’assurance en matière de lutte contre le Capital : cette clause s’appelle Parti Communiste Français. Autrement dit la crédibilité politique du rassemblement à gauche dépendra du poids relatif du Parti Communiste au sein de ce rassemblement. J’en veux pour preuve que les médias actuelles privilégient toutes les autres composantes de cette gauche sans exception, hormis bien sûr le PCF. Loin d’être un positionnement inactuel, dépassé, sectaire ou hégémonique, la défense de la personnalité, de l’intégrité et de la visibilité du PCF sur l’échiquier politique à gauche est pour moi la condition indispensable pour impulser une dynamique de rassemblement. Condition insuffisante, certes, mais nécessaire. Pour les raisons de confiance que j’ai indiquées. Pour parler plus clairement, et appeler un chat un chat, je me sens plus proche du programme de la FI que de ceux du PS et/ou des Ecologistes. Et je fais partie des orphelins du Front de Gauche. J’aurais rêvé d’un Die Linke à la française : un pôle de radicalité à deux têtes, respectueux de la visibilité de chacune, et suffisamment influent pour tirer le PS malgré lui à gauche, vraiment à gauche. Je pense que la désastreuse rupture du Front de Gauche, comme on dit dans les contrats d’accidents, est « à torts partagés ». Dont acte. Mais ce n’est pas faire injure à nos amis de FI que de penser comme moi qu’au cours des dernières décennies c’est le PCF et lui seul qui n’a jamais failli en matière de lutte des classes. Il n’a jamais cautionné les mesures sociales régressives prises malheureusement sous divers gouvernements dits de gauche, les cadeaux somptueux octroyés au grand capital au nom de la « politique de l’offre », les sacrifices exigés des salariés, la CSG etc etc : la liste serait trop longue, chacun pourra la compléter à sa guise. Je ne veux pas dire que je n’ai pas confiance en d’autres formations que le PCF. J’ai bon espoir au contraire. Mais en matière de lutte des classes (c’est le plus important à mes yeux) la seule formation politique en qui je puis avoir une confiance absolue, c’est le PCF. Je conçois que d’autres soient meilleurs que nous sur d’autres sujets, et le PCF a bien sûr beaucoup de choses à apprendre des autres. Mais sur cette question de la lutte des classes, qui est pour moi la clé de voûte ou la pierre angulaire de tout rassemblement crédible, désolé mais y’a pas photo, il n’y a que le PCF qui ait donné des preuves de solidité absolue. Je me méfie comme de la peste des grandes déclarations révolutionnaires, des fanfaronnades anti-capitalistes, des rodomontades anti-libérales, des protestations de fidélité aux engagements etc, j’ai été vacciné par Mitterrand. Seuls les actes comptent. L’ amour et les preuves. On y revient.